Engager un pas
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Depuis 2017, je conserve des phrases que je croise, qui évoquent et pensent la marche. Phrases essentiellement prélevées dans des livres sur le sujet, mais également dans des conférences, des émissions de radio, ...1 Je les recopie en les reformulant, parfois avec malhonnêteté, de manière à les insérer dans la tournure ambiguë de «marcher pour». Tournure habituellement revendicative (marcher pour le climat, pour nos droits, ...) qui ici, n'énonce pas ce qu'on investit ou revendique à travers des marches particulières mais vient dire la marche elle-même : le bois dont elle est faîte, ce qui la soutient, ce dont elle se charge, ce qu'elle autorise ou active, ce avec quoi elle dialogue; ce qu'elle accuse.
Ces phrases constituent aussi bien des points de départ ouverts pour toutes sortes de marches et d'expériences de la marche, que les points de départ de réflexions à développer chemin faisant. Ce sont des propositions sans l’être, elles ne disent ni où aller ni quand, mais ouvrent une piste dans les jambes et dans la tête. Elles sont à emporter avec soi, à mettre en marche justement, à faire fructifier dans l’esprit et au rythme des pas. Elles viennent dire et reconduire cette affinité souvent exprimée entre la marche et la pensée. Au-delà d'une manière de se mouvoir, elles posent que la marche est une façon de tenir au monde, de se tenir en lui ; et peut-être désormais, de s'y retenir.
Ce site internet présente, sous la forme d'une promenade aveugle, tâtonnante, l'ensemble grandissant de ces phrases. Chacune est associée à plusieurs thématiques qui permettent, à travers des détours et des retours, de circuler de phrase en phrase.
Dans des contextes différents, ces phrases se diffusent par ailleurs sous d'autres formes.
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Marcher pour, le Magasin des Horizons, Grenoble, 2018
dans le cadre de l'exposition Je marche donc nous sommes
Les 150 premières phrases d'Engager un pas recouvrent depuis avril 2018 les portes d'entrée du centre d'art Le Magasin des Horizons. Inscrites à la main, les phrases s’appellent entre elles comme on mettrait un pied devant l’autre, comme une marche en mots. Commençant par «Marcher pour faire acte de présence au monde», elles s’organisent, surenchérissent les unes sur les autres, se nuancent, se répondent ou se contredisent. Conversation entre penseurs de la marche qui, chemin faisant et en silence, songe à distance à toutes les revendications dont la marche se charge parfois. La liste se termine par «Marcher pour que tout aille bien».
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Engager nos pas, porosités des marches, Nancy, 2019
dans le cadre de Territoire #4, programme de performances dans l'espace public
Le samedi 6 juillet 2019, les 250 premières phrases d'Engager un pas, imprimées sous forme de tracts, sont distribuées aux passants à travers les rues de Nancy par une dizaine de personnes, attachées et/ou pratiquant la marche, l'art et sa médiation, des actions militantes. Chaque participant·e emporte avec lui un exemplaire de chaque phrase qu'il prend, sur quelques heures, le temps et le soin de diffuser.
Tracts lacunaires, numérotés mais sans date ni lieu, faits de mots d'ordre multiples qui n'en sont pas réellement. Le seul mot d’ordre, implicite, pouvant être «marcher pour marcher parce que marcher peut beaucoup, parce que c’est subversif en soi, marcher pour donner de la valeur à nos pas».
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Engage in a footstep, Studio GROSS, Tokyo, 2019
dans le cadre de l'exposition One footstep, touching the ground
Les 280 premières phrases d'Engager un pas sont traduites en japonais, chacune imprimée en un exemplaire, elles sont mises à la disposition des visiteurs.
Guillaume Barborini, 2019
guillaumebarborini.fr
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